Tim Burton règle son conte à Johnny Depp

Tim Burton est un ténébreux dans l’âme. Les interviews, il déteste, parler de lui il préfère pas, faire rire son prochain avec des mots qui sortent de sa bouche c’est pas son genre. Pour Charlie et la Chocolaterie, il a pourtant accepté de s’exprimer.
Voire de répondre des choses totalement biscornues à des questions parfois étranges que nous lui avons posé par mail sur Johnny Depp.
Après vérifications sur pièces à convictions (vieilles interviews, entrevues anciennes et rencontres passées), tout n’est pas toujours faux.
Des fois même, ça colle ! Best Of.


Ciné Live : dans Charlie et la Chocolaterie, Willy Wonka considère Charlie comme son alter ego. Dans quelle mesure pourriez vous être Wonka et Johnny Depp Charlie ?
Tim Burton : Je ne pourrais jamais être Wonka parce que je suis un acteur effroyable et Johnny est un peu trop vieux pour jouer Charlie.
Vérifications faites, ça donne :
Tim Burton : “On se ressemble Johnny et moi : on aime les mêmes films, ceux de la Hammer en particulier, on a la même vision du monde et on est tous les deux considérés comme une espèce bizarre à Hollywood, un peu comme des extraterrestres, je crois.”
Johnny Depp : “Comme moi, dans son enfance, Tim était obsédé par les films de monstres et les films d’horreur, et il avait trouvé une sorte de refuge dans cette noirceur.
Tous les deux on a grandi en se sentant exclus, anormaux, un peu étranges. On voit la vie et les êtres humains de la même façon.
Et on adore les déguisements. Enfin, surtout moi.”

En quoi Johnny était l’acteur parfait pour incarner Wonka ?
Je ne dirais qu’on mot : disponibilité.
Vérifications faites, ça donne :
Tim Burton : “J’adore travailler avec lui. On a déjà fait trois films ensemble. C’est un ami. Il me surprend chaque fois un peu plus. J’adore les acteurs qui, comme lui, se fichent de la tête qu’ils ont, si fichent de savoir si la lumière est bonne ou si on les montre sous leur meilleur profil. Quel que soit le rôle, il est toujours partant, il s’en empare, le transforme et lui donne une autre dimension.”
Johnny Depp : “j’adore travailler avec Tim, il pourrait me demander de faire n’importe quoi, même avoir des relatons sexuelles avec un aardvard (sorte de fourmilier croisé avec un kangourou et une planche à repasser, ndlr), je le ferais.”

Qu’est-ce qui distingue Johnny Depp de Marylin Manson, le musicien un temps envisagé dans le rôle de Willy Wonka ?
Il n’y a absolument aucune différence entre eux. (Est-ce que vous les avez jamais vu dans une même pièce en même temps ?)
Vérifications faites, ça donne :
Tim Burton : “Quand Johnny m’a demandé s’il allait devoir chanter et que je lui ai répondu non, il a été soulagé.”
Johnny Depp : “Je me suis inspiré de Marylin Manson pour créer le personnage de Wonka, je voulais que Wonka ai quelque chose de sinistre et d’inquiétant.
J’écoute les morceaux de Marylin et j’ai des photos de lui dans ma loge pour m’aider.
On fait souvent la fête, lui et moi, je lui ai même présenté Hunter S. Thompson un soir ou on était dans une boîte de nuit à Los Angeles.”

Quels sont vos trucs pour diriger votre vieil ami Johnny Depp ?
Ben je connais quelques tours de cartes, je sais aussi découper une femme en deux et je suis plutôt bon dans l’art de disparaître.
Vérifications faites, ça donne :
Tim Burton : “En général, ma méthode pour diriger les acteurs consiste à m’asseoir et à les regarder faire. Mais avec Johnny on a une sorte de code pour communiquer. Il suffit que je marmonne trois mots sans suite pour qu’il comprenne ce que je veux. Parfois, il sait ce que j’ai en tête sans que j’émette un son. J’ai confiance en lui. Je sais qu’à chaque fois il va me surprendre et je n’ai jamais été déçu.”
Johnny Depp : “Il y a une étrange connexion entre nous. C’est bizarre. Aucun de nous n’aime parler. Aucun de nous ne finit ses phrases. Tim est pire que moi pour ça. Mais d’une façon où d’une autre, on se comprend quand on est sur un plateau. Il suffit qu’il secoue la tête, qu’il plisse les yeux ou qu’il me jette un regard dune certaine façon pour que je sache ce qu’il attend de moi.”

Qu’est-ce qu’il y a d’enfantin en Johnny Depp ?
Sa figurine de Franck Sinatra qui n’a plus qu’un bras (à moins qu’elle n’appartienne à son fils).
Vérifications faites, ça donne :
Tim Burton : “Il adore faire des blagues et s’entourer de tout un tas d’objets. Dans sa loge, c’est un vrai capharnaüm, il garde des petits trucs de ses tournages précédents, il a ses joujoux, ses grigris qu’il montre à toute l’équipe. Et puis il y a une pureté, une authenticité en lui que l’on ne trouve que chez les enfants. C’est ce qui m’avait frappé quand je l’avais rencontré pour Edward aux mains d’argent. Et c’est pur ça qu’il était parfait pour le rôle.
Johnny Depp : “J’utilise toujours un pseudo quand je descend dans un hôtel snob. J’aime beaucoup M. Fétide comme nom d’emprunt. J’adore entendre le concierge d’un palace me dire avec toute la dignité qu’il a pu rassembler : “Monsieur Fétide, il y a un appel pour vous.” J’aime beaucoup Madame Roïd aussi. Emma Roïd. Ou monsieur Sat Han.”

Quel est le côté le plus adulte de Johnny Depp ?
Sa collection de magazine et de films.
Vérifications faites, ça donne :
Tim Burton : Depuis qu’il a fait l’expérience de la paternité, Johnny a appris à ne plus se prendre la tête sur son métier, sur la façon dont il est perçu.
Ses priorités ont changé. Il pense à l’avenir de ses enfants, à les rendre heureux. Il oublie tout quand il est avec eux.
Johnny Depp : “J’ai 42 ans.”

Qu’est-ce qu’il y a de bizarre chez Johnny ?
Je ne sais pas. Je ne suis pas chirurgien et je suis hétérosexuel.
Vérifications faites, ça donne :
Tim Burton : “En dehors du plateau d’Ed Wood il lui arrivait d’aller en ville en pull angora, talons aiguille, jupe et perruques. Il voulait vivre ce que vivait Ed Wood, le comprendre de l’intérieur et acquérir le même surnaturel que lui quand il était travesti en femme. Johnny est obsessionnel quand il s’agit d’interpréter un personnage. Il est obsessionnel tout court, d’ailleurs !”
Johnny Depp : “J’ai une relation étrange avec mon corps. Si je met un coup de poing dans le mur, je veux que ça fasse mal, me casse la main et voir le sang couler. C’est pour ça que j’ai toutes ces cicatrices sur le bras. Ca paraît stupide mais j’ai besoin de ressentir les choses intensément, et pour moi il n’y a pas de demi-mesures.”

Vous avez un rêve en commun ?
Johnny et moi aimerions remporter le concours de Miss Amérique, un jour.
Vérifications faites, ça donne :
Tim Burton : “J’ai un rêve qui est récurrent, un rêve formidable. Dans mon quartier il y avait une petite fille dont j’étais amoureux quand j’étais gosse, et un jour, elle a déménagé. Depuis, tous les dix ans, je rêve d’elle à l’âge qu’elle aurait. Je ne l’ai jamais revue, mais je me la représente très clairement.”
Johnny Depp : “Je rêvais de faire partie de l’équipe des Harlem Globe-Trotters. Je volais être le seul harle Globe-trotter blanc. Je me débrouillais pas mal sur un terrain de basket. Après j’ai rêvé d’être un rockeur comme Iggy Pop. Maintenant je rêve de continuer à faire les films qui me plaisent en gagnant suffisamment ma vie pour que les miens soient à l’abri.”

Quelle part obscure vous réunit tous les deux ?
Johnny et moi savons que l’un de nous doit perdre pour que l’autre gagne le concours de Miss Amérique.
Vérifications faites, ça donne :
Tim Burton : “Johnny est un marginal et il a tendance à accepter les rôles de marginaux. Parce qu’il aime ça, parce qu’il se sent bien dans ce genre de personnage, qu’il les nourrit de ce qu’il a traversé. Tout comme j’aime réaliser des films sur les marginaux parce que moi-même je me sent en marge du monde, je comprend ce que les personnages de mes films ressentent.”
Johnny Depp : “Je suis attiré par les personnages bizarres, les inadaptés. Je me suis senti rejeté et incompris comme Edward aux mains d’argent, je suis aussi excentrique que Ichabod Crane, j’ai connu des délires comme ceux de Hunter S. Thompson… en fait, beaucoup de mes personnages me ressemblent.”

En quoi vous sentez-vous proche de Roald Dahl?
Nous partageons la même affection pour le patin à glace et la natation synchronisée.

Que reste-il de l’enfant en vous?
J’ai un tout petit cerveau.

Qu’est-ce qui est adulte en vous?
Ma collection de magazines et de films pour adultes.

Qu’est-ce qu’il y a de bizarre en vous?
hé bien, il y a une petite créature bleue à trois yeux qui vit dans ma tête et qui s’exprime exclusivement en allemand.

A quel personnage ou à quelle partie de l’histoire de Charlie et la chocolaterie pourriez-vous vous identifier?
Le gros gamin qui coule dans le chocolat, la gamine attaquée par des centaines d’écureuils… il y a tellements d’adorables moments dans le film que c’est difficile de choisir.