L’Étrange Soirée de Tim Burton – Convention hommage du 4 Février 2012 : Compte-rendu

Depuis bien des années, la communauté Francophone que nous sommes a tenté de rendre hommage au mieux à Tim Burton, du plus haut de la grande passion qui nous anime. Alors que Sweeney Todd tranchait allègrement des gorges et qu’Alice pointait son candide appendice nasal à l’entrée du terrier du lapin blanc, plusieurs projets de « conventions » (mot bien vilainement connoté pour désigner un rassemblement quasi extrême de passionnés d’un même univers souvent « geekisant ») ont été proposés à Tim-Burton.net, sans jamais aboutir, à notre grand désarroi.

Il n’est pas étonnant toutefois qu’un artiste si complet et complexe que Tim Burton, dont la popularité ne se dément pas, malgré un certain secret entourant son œuvre, soit difficile à compiler au sein d’un événement autre que purement cinématographique. C’est là qu’est arrivé Sinny & Ooko, organisme d’évènementiels Parisien, entre autres fan de l’univers du réalisateur, souhaitant nous voir animer et co-organiser une après-midi spéciale consacrée intégralement à Tim Burton.

Tous nos projets, banderoles, spirales et idées saugrenues sont alors ressorties des placards pour aller orner l’antre de Commune Image, salle de cinéma et restaurant situés à Saint Ouen (93), en ce Samedi 4 février 2012, seulement quelques mois avant que Barnabas Collins ne ressorte de sa tombe dans Dark Shadows (Mai) et que le chien Sparky ne soit réanimé par son jeune maître en stop-motion dans le remake de Frankenweenie (Octobre).

Un vrai budget fut adonné à cette journée, grâce à l’ouverture d’esprit et l’organisation de Sinny &  Ooko. Ainsi avons-nous pu décider conjointement de deux projections, celle de L’Etrange Noël de Monsieur Jack (The Nightmare Before Christmas) dès 15h et de Sleepy Hollow à 19h (ce dernier ayant été choisi via votes par les internautes sur le site). Mais d’autres projections inédites parsemèrent la toile de documentaires, court-métrages et autres reportages dédiés au réalisateur de Burbank devenu l’emblème de l’inspiration alternative que l’on connaît. Mais en plus de cela, carte blanche nous est donnée en ce jour afin d’animer avec ferveur et bonne humeur la petite salle de Commune Image, avec un atelier de dessins, des décors, un siège de barbier (avec un vrai barbier, qu’on vous dit !) , une cuisine aux couleurs des films du cinéaste, et un quizz qui a permis aux plus assidus (ou aux veinards) des nombreux participants de gagner des lots, dont une place pour l’exposition consacrée à l’Art de Tim Burton à la Cinémathèque de Paris.

Mais d’ici là, suivez- moi…Voici l’entrée secrète :

C’est à 14h que s’ouvre la salle de Commune Image, dont le plancher à damier, noir et blanc fait parfaitement office de chemin tout tracé pour diriger les premiers arrivants au sein de la grande salle de réception, mais pas avant d’avoir bordé les affiches géantes des films les plus célèbres du Sieur Burton dans un large couloir, refroidi par cette journée hivernale. Les premiers et timides visages passent alors la petite porte, juste après être passé devant le siège de Sweeney Todd et sa fenêtre à vision nocturne. Ici les attendent plusieurs tablées où s’installer confortablement en attendant que Jack Skellington ne prenne possession de la grande salle de cinéma d’ici une demi-heure, un temps à mettre à profit pour déguster un bon « Thé En Retard » ou d’un « Cas Fée » chaud tout en tachant de démêler les difficiles questions de Quizz Tim Burton préparé par nos équipes (vicieux, que nous sommes).

Et nos équipes d’ailleurs, où se trouvent-elles ? Perdues dans le jardin de la Reine Rouge ? Certes, non, l’équipe de Tim-Burton.net est bien présente, en partie costumée, badges saillants, près à l’accueil sous une gigantesque banderole et derrière un stand maculé d’objets et produits dérivés Burtonien. Oyster Boy, Beetlejuice, Jack Skellington et d’autres sont rassemblés sous forme de figurines pour le plaisir des yeux, et d’innombrables livres, issus des collections des membres, sont feuilletables, de même que des illustrations et photos prises par le Maître. La salle se remplit doucement, et nous recevons nos premières visites, occasion pour nous de rencontrer des gens curieux et fans, tout comme nous, désirant nous connaître davantage et partager leur passion commune, un vrai plaisir.

Un mur entier, tapissé de dessins de Tim Burton, prémisses de la future exposition qui lui sera consacrée le mois suivant à la Cinémathèque, attire les yeux des plus curieux, tandis que certains bûchent déjà sur le quizz, parfois par groupes entiers. Les éditions Sonatine nous font face, vendant en cette journée  le merveilleux livre de Mark Salsbury, Entretiens avec Tim Burton, véritable bible chronologique de la filmographie du réalisateur Américain. D’autres personnes pénètrent cet intrigant univers au son des bandes originales de Danny Elfman, qui seront diffusées en boucle toute la journée et dont les plus fins connaisseurs se délecteront à deviner la provenance. Mais l’heure avance, et il est déjà temps de rejoindre la salle de projection pour L’Étrange Noël de Monsieur Jack, cet après-midi diffusé en version française, afin de satisfaire le plus jeune public, venu en nombre. Film culte dans la filmographie de Burton (bien qu’il ne l’ai pas réalisé lui-même), ce dernier attire bien sûr les spectateurs vers la salle de projection, laissant seuls une poigné d’irréductibles au sein de la grande salle d’accueil.

Une heure et demie plus tard, la salle se vide au son de la bande-originale de Danny Elfman, enchanteresse comme jamais, et des dizaines de personnes pénètrent alors dans la salle pour un entracte bien rempli. Le stand de dessins commence à inspirer bon nombre d’aspirants dessinateurs, dont un tout jeune garçon, se prêtant au jeu avec talent et inspiration, graphant des personnages de Burton sur plusieurs feuilles de papier. Les autres spectateurs font alors honneur au « Burton Bar » pour tester les spécialités de la maison préparées pour l’occasion, tels que le « Hot Frankenweenie » (un hot dog gratiné maison), « La grande Coiffure de Tim » (salade de crudités, bien frisée !) ou les inévitables « Tartes de Madame Lovett » (Quiche Lorraine et tarte tomate chèvre…Avec des bouts d’orteils et de juge dedans, comme on vous voit !). Et pour les simples gourmands, pas de problème, Willy Wonka a apporter sa délicieuse tarte au chocolat entourée de bonbons acidulés et de fromage blanc « Sweety Todd » affinera le palais des fanas de fruits rouges.

Aucune table ne désemplie, les gens échangent leurs avis sur les films qu’ils ont préférés, avec nous comme entre eux, chacun défendant son favori avec acharnement. Ainsi, nombreux sont ceux qui auraient préféré voir ce soir Batman, Sweeney Todd ou Beetlejuice, mais qu’à cela ne tienne un peu de Tim Burton, c’est toujours mieux que pas de Burton du tout ! En témoignent les nombreuses photos prises des costumes exposés ou portés par nos soins, tels Délia Deetz habillée en Pee-Wee Hermann, Falang arborant avec classe la robe de Katrina Van Tassel ou AliceLidell grimée en Chapelier Fou ! Les décors apportés par nos soins attirent également l’objectif, comme un « bat peignoir » et une robe de Reine Rouge, suspendus au plafond, ou la tête de chat, emblème de Schrek Industries (Batman Returns). De même, les livres exposés sur le stand sont tous régulièrement consultés et feuilletés avec soin. Pourquoi ? Pour chercher les réponses au quizz pardi, apparemment plus corsé que prévu ! Qu’à cela ne tienne, nous passons parmi les tables afin d’aiguiller les fans perdus !

Tous les gens sont-ils dans la salle ? Et bien non, car l’écran continue de projeter plusieurs documentaires sur Tim Burton tout au long de la journée, comme des minis reportages diffusés à l’époque sur ARTE Tv, des vidéos montages des films de Burton ou encore des extraits d’interviews, de quoi combler facilement sa culture « Burtonienne » !

Et en termes de culture, que serait une journée consacrée à Tim Burton sans une petite leçon de cinéma, made in Tim-Burton.net ? Ce sont donc Eledwhen et Délia Deetz qui s’y collent, telles de vraies universitaires, décortiquant par trois aspects précis des thématiques chères à Burton avec humour et professionnalisme, et qui ne manquent pas d’étonner agréablement quelques spectateurs ! Au programme*, une analyse fine et poussée des génériques chez Burton, véritables petits court-métrages, qui nous emportent dans l’univers du réalisateur à chaque premières minutes de métrage, ainsi qu’une reflexion sur les décors des films, qu’ils soient purement referentiels ou à but narratifs, comme le montre les innombrables machines infernales décrites alors par nos deux hôtesses…

Comme dans Big Fish, il semble toutefois que le temps se soit arrêté en ce lieu et qu’il rattrape désormais son retard, comme si le lapin blanc avait pénétrer la faille temporelle de Big Fish, et nous avons à peine le temps d’échanger encore quelques anecdotes et conseils avec les gens présents en salle, que le concert de Jean-Philippe Carboni débute en salle de projection ! Compositeur de métier, Monsieur Carboni se veut aussi grand admirateur de Danny Elfman auquel il va rendre hommage ce soir durant pas loin d’une demi-heure, ponctuant ses compositions originales** aux thèmes des musiques de Tim Burton. Véritable chef d’orchestre, il dirige ainsi un très compétant quatuor à cordes sur une poignée de compositions durant lesquelles nous reconnaissons des thèmes extraits de Beetlejuice, Corpse Bride, Batman ou encore L’Étrange Noël de Monsieur Jack. L’accueil est très bon, les musiciens chaleureusement remerciés pour cet agréable moment de pure musique. Danny Elfman, qu’on détourne tellement, mais à qui l’on rend si peu hommage…Pour cela, ce beau moment de musique est un pur plaisir pour les oreilles.

Retour à la salle où l’on demande aux derniers retardataires de rendre leurs bulletins de quizz afin de pouvoir procéder au tirage au sort d’ici une demi-heure. Une bonne occasion de retourner aider les participants, de plus en plus amusés autant qu’agacer par la difficulté de certaines questions (oui, nous sommes un brin sadiques, gniark, gniark, tels des martiens tout verts). Toutefois, au vu du dépouillement, il y avait du niveau, ce soir et les consultations de livres ont apparemment été tout aussi salutaires que nos conseils, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Dans un même temps, Je Suis Sur Le Fil, s’amuse au maquillage  sur quelques membres de notre équipe et sur une très jeune fan grimée pour l’occasion en Sally !

À 18h30, c’est le court-métrage Tim, qui est diffusé. Véritable et touchant hommage au Vincent écrit par Burton lui-même il y a plus de 30 ans pour Vincent Price (son idole de toujours), Tim raconte en stop motion, la vie d’un petit garçon rêvant de devenir…Tim Burton ! Très drôle et brillamment réalisé et conté, ce petit film adorable aura conquis le cœur du public, très réceptif au petit monde de pâte à modeler projeté sur l’écran.

S’ensuit la suite des projections documentaires de la série : Dans la Tête de Tim Burton (sacré foutoir, me direz-vous !)  qui ne vont pas sans quelques petits soucis techniques, mais live is live (it’s aliiiive !) et personne ne se plaint.

« C’est l’heure »  comme disent les habitants de Halloween Town en pleine préparation de Noël… Sauf qu’ici il s’agit de donner les réponses du Quizz, en compagnie d’AliceLidell et Sephiroth, jonglant de l’un à l’autre et ponctuant chaque réponse donnée par une anecdote, petit prolongement de la leçon de cinéma. Les meilleurs bulletins sont alors mis en boîte et trois sont tirés au hasard afin de définir les gagnants au concours. Le premier tiré au sort, une demoiselle, gagne une lithographie dédicacée de l’illustrateur Sébastien Mesnard, la seconde (et oui, encore) remporte le livre d’Antoine de Baecque consacré à Tim Burton, et la troisième (girl power, ce soir) se verra remettre une invitation pour visiter l’exposition Tim Burton à la Cinémathèque ! Pas belle, la vie ?

Arrive alors l’heure fatidique des revenants, avec la projection de Sleepy Hollow, film choisi par les fans sur la page Facebook du site, cette fois en vostfr, pour le plaisir des aficionados. Considéré comme l’un des films les plus sombres de Burton, cette fable horrifique comporte son lot de sang, hommage aux films de la Hammer, mais aussi, une bonne dose d’humour à laquelle le public répondra chaleureusement en chœur. Le choix du film se vérifie donc très bien et rassure nos petits cœurs de fans plein d’appréhension.

La soirée continue toutefois, bien que les spectateurs, quelque peu découragés par le froid qui règne au-dehors, ne se sentent pas assez braves pour rester jusqu’à 23h et que nous les comprenons. Aussi, la foire se démonte, pas sans que certains des-dit spectateurs ne viennent nous remercier avec grande sympathie pour cette journée. Les retours sont très positifs et chacun semble s’être beaucoup amusé, ce qui fait bien sûr chaud au cœur.

Ce qui toutefois fait encore plus plaisir à voir est la grande dévotion que nous avons pu observer en cette journée. Malgré le froid et un lieu pas si facile que cela à trouver, plus d’une centaine de personnes sont venus faire le déplacement, pour partager leurs passions du cinéma de Tim Burton. Évènement unique en son genre, cette « Étrange Soirée » aura rassemblé autour d’un seul et même réalisateur des gens de tout âge, du plus jeune au plus vieux, tous animés par le rêve que propose en continu le réalisateur dont 2012 est le terrain de jeu, à n’en point douter !

Et qui sait, si cela vous a plu, peut-être remettrons-nous cela, pour une nouvelle Étrange Soirée, avec d’autres projections, des surprises, des invités de marque, des crânes, des mains ciseaux, du chocolat et Tom Jones en boucle ? Ça vous dirait ? Nous, oui, en tout cas !

Nos remerciements à : Marion, Héloïse et Sinny & Ooko pour avoir organisé cet événement et pour leur sympathie et leur confiance. À Commune Image et leurs équipes, pour ce très beau lieu. À Alice et Alexia. Aux fans de Tim Burton, venus nombreux soutenir cet essai évènementiel encore jamais fait, et parmi eux, les internautes du site et leurs gentils messages. À la Cinémathèque Française et Sonatine Editions pour leurs participations. À Jean-Philippe Carboni et son orchestre.  À « Mister Todd » et son fauteuil. À tous pour vous êtes prêtés au jeu !

À Monsieur Tim Burton, sans qui rien n’aurait été possible…

…Mais aussi à Pee-Wee pour son vélo, à Beetlejuice pour l’exorcisme, à Batman pour sa névrose, à Ed Wood et Jack Skellington pour leur passion, à Edward et ses mains d’argents, à l’ambassadeur des martiens pour la diplomatie, aux singes pour la sécu, au cavalier sans tête pour le tailleur, au Chapelier d’être fou, à Mrs Lovett pour la bouffe, à Ed Bloom pour ses histoires, à Willy pour la visite guidée et à Emily pour la cérémonie.

 

*plan du cours de cinéma :

Partie A : Les Génériques dans les films de Tim Burton

1)Les génériques narratifs (se déroulant pendant une scène dite d’un film)

2) Les génériques à part (petits courts métrages, avec éléments emblématiques de l’histoire)

Partie B : Les éléments de décors réccurents chez Burton

1)Un élément “narratif (l’opposition entre deux mondes visuellement complètement opposés )

2)Un élément “référentiel: le moulin (référence au Frankenstein de Whale)

Partie C : Les machines infernales, chez Burton

1) Une fascination profonde ( On retrouve des machines dans presque tous ses films)

2) Que représente la machine? ( Une utilisation modulée aux désirs de son utilisateur).

 

**Concert de Jean-Philippe Carboni

Nostalefman (composition originale)
Rythme macabre (composition originale)
Medlay Elfamien ( clin d’oeil aux themes : batman, beetle juice, noce funebre, big fish..)
La petite mort cadencée (composition originale)