Interview de Thomas Reilly assistant réalisateur sur Sleepy Hollow

Thomas Reilly est un assistant réalisateur comme on n’en trouve plus que rarement. Organisé, assuré, directif, il a travaillé sur 44 films ou séries en tant qu’assistant réalisateur depuis 1979, et sur 11 films en tant que producteur. La plupart de sa carrière, il la doit à Woody Allen, avec qui il a travaillé pendant près de vingt ans et sur presque autant de films. Mais il a aussi pu collaborer avec d’autres grands noms du cinéma : Alfonso Cuarón, Sydney Pollack, Barbra Steisand, Irwin Winkler, Taylor Hackford, mais aussi Tim Burton.
Aujourd’hui, il a arrêté sa carrière d’assistant réalisateur pour enseigner son savoir à la CUNY Brooklyn College, à New York. Il a accepté de répondre aux questions de Tim-Burton.net sur Sleepy Hollow

Bonne lecture !

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Comment avez-vous été amené à rencontrer Tim Burton puis à collaborer sur Sleepy Hollow ?

J’ai été appelé par un directeur de production de New York avec qui j’avais déjà travaille, et il m’a demandé si j’étais disponible et intéressé. Naturellement, j’étais très excité de travailler avec Tim.

Quel a été votre rôle tout au long du film, en tant qu’assistant réalisateur (préproduction, tournage et postproduction) ?

J’ai travaillé un mois sur le projet a New York en faisant de nouvelles prises et en y ajoutant de la matière. En tant qu’assistant réalisateur, je planifie le travail, fais des repérages, organise des réunions avec les chefs de tous les départements, et travaille en étroite collaboration avec le réalisateur pour s’assurer que tous les éléments nécessaires au tournage soient correctement mis en place. Durant la production, j’organise les opérations journalières du film, je fais fonctionner le plateau, et je supervise tout ce qui s’y passe. Sur Sleepy Hollow, je n’étais pas vraiment impliqué à ce poste.

Sur quelles parties du film avez-vous travaillé ? Comment cela se passe-t-il pour synchroniser un tournage sur deux différents continents ?

J’ai réalisé de nombreuses séquences avec Johnny Depp, Miranda Richardson et Martin Landau (avec qui j’ai déjà travaillé sur un film de Woody Allen). Nous avons aussi fait une scène de cascade où un personnage apeuré plonge hors d’une diligence alors que le Cavalier Sans-Tête le poursuit. La synchronisation a nécessité beaucoup d’indications éditoriales spécifiques et de continuité dans les informations qui étaient échangées entre tous les chefs de départements. Il y a toujours tellement de détails à prendre en considération lorsqu’on fait un film, et nous avons dû nous appuyer sur l’équipe Britannique pour nous fournir les renseignements.

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Quel a été le moment du tournage que vous avez préféré, et pourquoi ? Et celui que vous avez le moins aimé, et pourquoi ?

Mes moments préférés tournaient autour du travail avec Tim Burton et avec le directeur de la photographie, Conrad Hall. Connie était l’un des grands, il a remporté trois Oscars pour Butch Cassidy et le Kid, Les Sentiers de la Perdition et American Beauty. Il remplaçait Emmanuel Lubezki qui a travaillé sur le film, et avec qui j’ai collaboré sur De Grandes Espérances. Tim était très bienveillant et il a été facile de travailler avec lui. Il n’y a pas eu de mauvais moments… exceptées peut-être quelques heures trop longues !

En tant qu’assistant réalisateur, vous devez être proche du réalisateur. Comment avez-vous travaillé avec Tim Burton ?

Nous avons bien collaboré ensemble avec Tim. Il est très talentueux et professionnel, et il avait confiance dans le travail de chacun. J’ai toujours trouvé les réalisateurs expérimentés assurés et ouverts.

Et comment avez-vous collaboré avec le reste de l’équipe ?

L’une des clés pour être un bon assistant réalisateur est de planifier les choses et de bien communiquer. J’ai fait d’autres films avec une équipe quasiment uniquement new-yorkaise, et seulement quelques personnes – telles que l’accessoiriste en chef – qui venaient du Royaume-Uni. Tout le monde s’entendait bien, et ce fût un bon tournage.

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Tim Burton est-il plutôt un réalisateur directif, ou laisse-t-il le champ libre à son équipe de tournage ? A-t-il des consignes précises, sait-il exactement où il veut aller, ou laisse-t-il une grande part à la créativité individuelle et à l’improvisation sur le tournage même ?

Sleepy Hollow était un film d’époque stylisé, à gros budget. Par conséquent, la porte était ouverte à beaucoup de créativité pour chaque département, même si les choses doivent répondre à un certain niveau d’exigence ; après tout, c’est la nature du cinéma. Tim, en tant que réalisateur, doit tout approuver, et c’est le rôle de l’équipe du film de rendre possible ce qu’il imagine. Il est très spécifique dans ses demandes.

Vous n’avez travaillé qu’une fois avec Tim Burton. Est-ce à cause d’un manque d’opportunité ou cela vient-il d’un accord commun ?

Un manque d’opportunité. J’étais souvent occupé avec Woody Allen (avec qui j’ai fait dix-huit films) et d’autres réalisateurs comme Sydney Pollack, Barbra Streisand, Taylor Hackford et Irwin Winkler. La disponibilité est souvent un problème car tous les cinéastes travaillent en freelance – de projet en projet – et sachant rarement quel sera notre prochain film. D’un autre côté, Tim travaille avec des assistants réalisateurs de Los Angeles ou de Londres, et pour qui il a une préférence. J’ai été heureux d’avoir l’opportunité de travailler avec lui, c’est un réalisateur très inventif.

Et pour finir, auriez-vous une anecdote particulière sur votre travail avec Tim Burton ? Et avec Helena Bonham Carter, avec qui vous avez travaillé sur Maudite Aphrodite ?

Mon moment préféré avec Tim a été la première fois que je l’ai rencontré. Il était dans son cabinet, à son bureau, en train de dessiner des croquis des plus incroyables. C’était comme faire un pas dans un autre monde ! Comme nous le savons tous, sa vision unique de l’univers est extraordinaire. Helena est l’une de mes actrices favorites. Elle est non seulement très talentueuse, mais aussi ouverte et très chaleureuse. Ça a été un vrai plaisir de travailler avec elle, et ses performances sont toujours impeccables.

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Propos recueillis par Lily John