Le Labyrinthe de Tim Burton: notre avis

C’est parti : le Labyrinthe, l’Expérience Immersive consacrée à l’univers de Tim Burton, débute ce 19 mai 2023 à l’espace chapiteaux de la Villette à Paris et restera visitable jusqu’au 20 août 2023. 

Une expérience absolument unique en France et qui avait déjà fait le bonheur des spectateurs espagnols à Madrid.

Tim-Burton.net a eu le privilège d’être invité à une visite en avant-première et nous vous partageons ici nos impressions.

Attention : ce compte rendu dévoile une partie du contenu de l’exposition immersive. Si vous souhaitez garder la surprise pour votre visite, nous vous recommandons de ne pas poursuivre votre lecture et de revenir lire cet article plus tard.

Pénétrer dans le Labyrinthe de Tim Burton revient à peu près à déambuler dans les longs couloirs colorés au néon de l’au-delà dans Beetlejuice. Les créateurs de LetsGo ont mis les petites spirales dans les grandes en proposant pas moins d’une quinzaine de salles d’exposition différentes, explorables différemment selon l’itinéraire choisi.

Eh oui, le terme “labyrinthe” n’a pas été choisi au hasard. Car tout comme l’imaginaire tortueux de celui qui a inspiré les lieux, la visite de l’exposition a pour elle de proposer une forme de “rejouabilité” en offrant à ses visiteurs 4 itinéraires différents dès sa première salle – au centre de laquelle trône un buzzer relativement accessoire, visant à orienter le marcheur au hasard vers une porte à pousser, numérotées de 1 à 4.

Photo prise par @Tim-Burton.net

Naturellement, c’est à vous que revient le choix de suivre ce que le buzzer vous indique ou pas. Sachez simplement que si la plupart de salles sont communes à tous les cheminements, emprunter tel ou tel itinéraire vous fera passer à côté de certaines pièces, contenant peut-être un univers ou un thème que les fans auront fiévreusement fantasmé, sans possibilité de retour en arrière (le contenu de celles-ci vous sera révélé plus loin dans ces lignes). Toutefois, au vu de la très vaste filmographie de l’échevelé de Burbank, sachez que tous les longs et courts métrages n’ont pas été sélectionnés pour faire partie de l’expérience immersive. Ainsi, s’il était de toute façon peu probable de retrouver exposés des éléments de décors et accessoires inspirés de Ed Wood, Big Fish ou Pee-Wee’s Big Adventure, on regrette beaucoup l’absence d’une pièce consacrée à Sleepy Hollow, dont l’univers macabre et forestier se prêtait pourtant beaucoup à l’exercice créatif. Rien non plus pour Miss Peregrine, La Planète des Singes et, ce qui est plus étonnant, pour Dumbo, dont les références visuelles héritées du cirque auraient pourtant été l’occasion d’une exposition très à propos – après tout, nous sommes sous un chapiteau…

Mais que contiennent-elles, ces pièces s’enfilant les unes derrière les autres ? En premier lieu, de nombreuses illustrations et autres croquis préparatoires, souvent présentées lors d’expositions précédentes, ornent les parois colorées de ces espaces vivants. Burton l’illustrateur est donc majoritairement mis à l’honneur au cours de cette visite qui devrait, en moyenne, avoisiner 1 heure si tant est que vous vous arrêtiez devant un peu tout. Petit détail réjouissant : certains dessins ont été animés sur des écrans, offrant une vie supplémentaire et davantage de choses à voir au sein de cet étrange lieu, où les créations de Burton prennent littéralement vie sous vos yeux.

Ponctuées de panneaux explicatifs, retraçant brièvement les thématiques de l’univers Burtonnien, mais aussi des citations de certains de ses collaborateurs (Rick Baker, Johnny Depp, Rick Heinrichs louent, parmi d’autres, les talents du bonhomme), les salles sont majoritairement centrées autour d’une oeuvre de Burton, ses films plus particulièrement. D’où la présence de sculptures et statues à l’échelle, permettant de prendre de jolies photos souvenir en compagnie de certains des personnages emblématiques et joliment monstrueux de son cinéma, la plupart d’un réalisme confondant. Vous croiserez ainsi pêle-mêle des effigies hautement détaillées du Pingouin de Danny DeVito dans une salle circulaire entièrement consacrée à Batman; Edward aux mains d’argent, face à sa sculpture de glace représentant Kim Boggs; un fantassin martien grimaçant dans une petite pièce consacrée à Mars Attacks; Sweeney Todd devant son fauteuil de mort; ou encore Victor et Emily, dans une très vaste pièce nous plongeant dans la grisaille enchantée et bleuâtre des Noces Funèbres. Notons cependant que seul Alice au Pays des Merveilles (film très controversé parmi les fans, rappelons-le) dispose de deux pièces : l’une nimbée de rouge mettant en scène la reine de coeur incarnée par Helena Bonham Carter et l’une de ses (somptueuses) sentinelles cartes à jouer, et une des plus grandes de l’exposition, hérissées de champignons géants entourant le Chapelier Fou de Johnny Depp. Certes, pas le meilleur choix.

Photo prise par @Tim-Burton.net

Au rang des grandes étendues, Charlie et la Chocolaterie est une des petites surprises de l’exposition, avec sa moquette duveteuse rappelant l’herbe comestible de l’usine de Willy Wonka (l’entrée dans la pièce vous fera légèrement tanguer lorsque vous sentirez le moelleux sous votre semelle) dont le costume est le clou central. Quel dommage, en revanche, que les dites pièces, en dépit de vastes décors, fassent parfois un peu vides – des reproductions d’accessoires auraient été les bienvenues pour combler quelques creux, probablement pensés pour permettre à de nombreux spectateurs d’y circuler sans se rentrer dedans.

C’est que le Labyrinthe est avant tout une expérience d’exploration et non un moyen pour les plus fins connaisseurs de Burton d’apprendre de l’inédit sur son cinéma ou ses élans créatifs. La visite est majoritairement voulue comme divertissante, familiale et accessible, basée avant tout sur ses succès les plus évidents – la très belle salle, bardée de fenêtres aux lignes expressionnistes, de L’Etrange Noël de monsieur Jack cite à peine le nom d’Henry Selick… – et sur quelques thèmes réccurents que l’on retrouve dans son monde macabre et grandiloquent (les animaux, les clowns, etc). Ce qui n’a pas empêché les créateurs d’offrir des surprises fabuleuses sur certains parcours, dont une pièce centrée sur le court métrage Vincent, une autre où vit Le Petit Enfant Huître de son recueil de poème du même nom, ou encore un couloir entier accueillant les Tragic Toys, ces enfants freaks hantant ses plus emblématiques dessins. De fait, ces thèmes font l’objet de pièces plus exigus, parfois difficilement praticables, donnant vraiment l’impression d’être à l’étroit dans des décors envahissants. Une étroitesse, soulignons-le, plutôt raccord avec l’univers exploré.

En termes d’immersion, la musique de Danny Elfman est bien sûr mise à l’honneur, du début de la visite dans le hall d’entrée jusqu’à votre retour dans cette même pièce – d’où les acheteurs d’un second billet classique pourront repartir de zéro pour explorer un autre itinéraire en ouvrant d’autres portes. Les meilleurs morceaux choisis extraits des bandes originales de Beetlejuice, L’Etrange Noël de monsieur Jack, Batman ou encore les Noces Funèbres vous accompagnent en boucle. De même, certaines pièces prennent vie via des projections sur les murs – pluie, vent, éclairs chez Frankenweenie, , papillons voletant chez Les Noces Funèbres, vermine grouillante sur le sol chez Beetlejuice. Les surprises ne sont donc pas rares, même si l’on regrette un certain manque de réelle interactivité avec le décor, au-delà du choix d’itinéraire et des photos possibles avec les personnages (ce qui fera sans aucun doute la joie des usagers d’Instagram).

Photo prise par @Tim-Burton.net

Retour à la case départ, le stand de merchandising de la boutique vous tendra les bras, avec tout un assortiment d’objets souvenirs aux couleurs de l’expérience : thermos, plusieurs modèles de carnets de notes, de stylos, de badges, de magnets, de mini-puzzles contenus dans des fioles, de sous-bocks, de tote-bags, et cela va de soi, de tee shirts. Mais soyez préparés vous qui voudrez craquer : un simple modèle à manches courtes s’échange contre pas moins de 30 euros (!). Des prix exorbitants qui refroidissent un peu le plaisir qu’on a eu à visiter l’imaginaire d’un créateur aussi prolifique.

L’expérience reste un très agréable moment de détente, très vivant, à même de réjouir les fans, qu’ils soient petits ou grands, mais à laquelle on reprochera quand même son manque d’interactivité et des prix trop élevés. Nous recommandons sa visite entre amis, entre fans et plusieurs fois afin de profiter pleinement de toutes les surprises qu’elle recèle.

Photo prise par @Tim-Burton.net

 

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