Superman Lives

Date du projet : 1997-1998

1997. Premières rumeurs

…Burton va réaliser un nouveau film sur Superman, une aventure du super-héros basée sur « Death of Superman », l’ultime comic book de la saga mettant en scène Clark Kent et ses super pouvoirs… Cela après avoir déjà dirigé des super-héros dans Batman (un coup d’œil au box-office vous fera comprendre le succès) puis dans Batman Returns.

Ils sont venus (Jon Peters, producteur des 4 premiers Batmans, et Kevin Smith, scénariste et fan de comics) me trouver. J’étais particulièrement attiré par Superman (…). Puis, on m’a dit que Nicolas Cage était de la partie, et que j’avais toute latitude pour faire ma version de Superman. Je me suis dit : « Parfait, d’autant plus que j’adore Nic Cage ». Je l’ai donc rencontré, et nous nous sommes convenus qu’on se concentrerait 1) sur l’idée que Superman est un marginal et 2) sur les sensations qu’on éprouve à être Superman. Mon problème avec Superman est simple : comme personnage de comics il est parfait, mais, comme personnage de cinéma, on ne s’interroge jamais sur le fait que ce type se trimballe en costume bleu avec une ceinture jaune curieuse et tutti quanti. C’est le personnage de comics le plus unidimensionnel que je connaisse.

On parle donc de Nicolas Cage dans le rôle de l’homme au costume moulant, Kevin Spacey était pressenti comme Lex Luthor. Loïs Lane, quand a elle, serait incarnée par Courtney Cox.

Le projet s’appellera Superman Lives (“Superman est toujours vivant”).

J’insistais pour qu’on appelle le film Superman. J’ai toujours exécré les titres du style Batman Forever. C’est le genre de phrase qu’un type se fait tatouer sur le bras quand il a pris une bonne cuite ou qu’un gosse écrit sur l’annuaire de son école à l’adresse d’un de ses camarades.

Après déjà un an de pré-production, le tournage est régulièrement reporté puis le projet est mis en stand-by par la Warner.
De plus, Burton était insatisfait du scénario de Kevin Smith.
Les uniques frais de développements se seraient élevés à 20 millions de dollars.

Depuis le début, Warner Bros. traînait la patte. Chaque fois qu’une date de tournage était fixée, peu de temps après, elle était repoussée. Pendant des mois, on a eu des réunions concernant le script. Lorsqu’on emprunte ce chemin là, généralement le scénario ne s’améliore pas : il devient un produit de comités.

Une date se fait connaître pour la sortie du film : juillet 1999… Le film semble sauf.

Burton dégotte un nouveau scénario, qui est refusé par les studios. Ceux-ci tentent également de freiner le budget du film, qu’ils aimeraient limiter à 100 millions de dollars, alors qu’il est évalué à 120 ou 130 millions…
Des tests avec Nicolas Cages sont filmés, et se révèlent un total échec. La Warner l’aurait payé 17 millions de dollars pour qu’il abandonne le projet de Superman Lives

Kevin Smith est rappelé par les studios pour pondre un nouveau scénario, avant d’opter pour le scénariste Dan Gilroy.
Nous sommes en octobre 1998. Jon Peters, producteur de Superman Lives, confirme la réalisation du projet, mais AVEC Nicolas Cage et SANS Tim Burton…

Je me suis dit : « Jon Peters est le producteur, et j’ai déjà eu à composer avec lui sur Batman. Ça avait été un cauchemar, mais j’ai quand même fait le film. Je peux donc certainement réitérer l’expérience. » Mais tel n’a pas été le cas. Je me souviens avoir dit à un moment aux exécutifs de Warner Bros. : « Vous avez trois blocs en présence, ici. Vous avez moi, vous avez Jon Peters et vous avez Warner Bros. Et nous allons nous retrouver dans une situation où, comme dans un western-spaghetti, trois types vont se jauger droit dans les yeux pendant vingt minutes, chacun ayant des idées radicalement opposées à celles des autres ». Et c’est ce qui s’est produit. Pour que le film ait eu une chance de se faire, il aurait fallu que Warner Bros. se débarrasse ou de Jon ou de moi. Jon avait ses idées sur le projet, Warner avait ses craintes, et moi, j’avais ma vision. Jon est comme un tourbillon. Il cherche à tout contrôler, même le climat. Il a un caractère impossible. Bref, j’ai perdu une année de ma vie.

Jon Peters tente alors de mettre le réalisateur Michael Bay (Armageddon) sur le coup. Gosh !

Janvier 1999. Shekhar Kapur (Elizabeth, Bandit Queen) déclare avoir été contacté par la Warner pour réaliser le film… S’ajouteront à la liste des réalisateurs potentiels Simon West (Con Air) et Steve Norrington (Blade).

Ça rebondit encore !

C’est maintenant Bill Wisher (qui a travaillé sur Terminator 2, Judge Dredd, The 13th Warrior, le prochain Exorcist) qui est contacté pour écrire un nouveau scénario.

Mars 2000 :

Ce scénario semble accepté, mais sous la direction d’Oliver Stone.

Mai 2000 :

Nicolas Cage se retire du projet, qu’il estime avoir beaucoup trop traîné.

Dans cette aventure, Tim semble avoir subi, comme pour pas mal de ses films, trop de pressions de la part des studios, qui lui reprochent de faire des films trop sombres et trop complexes pour toucher l’énorme jackpot que peut engendrer un film de super-héros (chose que l’on a encore vue avec Spider-Man, X-Men, … et la floppée de nouveaux opus en attente de sortie).
Dommage…
C’est sur l’échec de ce film que Burton, dans un premier temps, écrira « The Melancholy Death of Oyster Boy and Other Stories », dans lequel on découvre entre autres Stain Boy, une sorte d’anti-super-héros arborant une cape et un S sur le torse… Comme Superman !

Stain Boy est un de mes personnages préférés, et, d’une certaine manière, il était représentatif de tout l’épisode Superman. Si quelqu’un souhaite avoir une idée de ce que j’ai ressenti durant l’année Superman, il suffit de lire ces deux nouvelles pour en avoir une parfaite description. Heureusement que je rédigeais ce recueil à ce moment-là ; il m’a servi d’exutoire.

Il sera ensuite contacté en 1998 par Rudin et Adam Schroeder, qui lui proposent de réaliser Sleepy Hollow.

Avec la mise en stand by de Superman, je n’avais plus aucun projet à l’horizon. Et puis on m’a envoyé ce scénario que j’ai vraiment beaucoup aimé. Jamais je n’avais réalisé de film d’épouvante alors que c’est le genre de film que je préfère pourtant. Le film était très fort et le scénario comportait des images que j’adore, comme celle du moulin à vent, de l’Arbre des morts… Les chevaux, en revanche, c’était moins ma tasse de thé.