Atelier Artwork présenté à Geekopolis le 17 mai 2014 : compte-rendu

Voici le compte-rendu de l’atelier artwork qui a eu lieu le samedi 17 mai dans salle Smaug à 13h au Festival Geekopolis, présenté par Elsa Robert et Loïc Leroy de l’association Tim-Burton.net. Des différentes étapes de production d’un film jusqu’aux icônes geeks revisitées, découvrez l’univers graphique de Tim Burton à travers ses techniques, ses influences et apprenez à dessiner votre auto-portrait Burtonnisé.

Bonne lecture !

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Après une présentation de notre site et de notre association Tim-Burton.net, nous avons fait un bref historique du parcours de Tim Burton. Après avoir fait l’école CalArts de Californie, Burton est rentré dans les Studios Disney en 1979 en tant que dessinateur. Il a notamment travaillé sur Rox & Rouky ainsi que Taram et le Chaudron Magique. Malheureusement, aucun de ses concepts et dessins n’ont été retenus. Période creuse pour les Studios, ils lui ont laissé dessiner tout ce qu’il voulait dans son coin. Il a alors créé Vincent en 1982, son premier court-métrage en stop-motion et Frankenweenie en 1984, son premier court-métrage live (c’est à cette période qu’il a également créé le personnage sans mains d’Edward et les mésaventures de Mister Jack). C’est ainsi que Tim Burton est devenu réalisateur de films par hasard et surtout, par le biais du dessin, élément capitale dans sa carrière.

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Ensuite nous avons vu les différentes étapes de pré-production d’un film de Tim Burton pour montrer l’importance du dessin grâce à deux exemples : le personnage du Pingouin dans Batman Returns (1992) et Sparky dans Frankenweenie (2012). Chez Tim Burton, tout commence par un dessin ou un portrait de ses personnages, c’est par leur physique qu’il créait leur personnalité, que ce soit un film commandé comme Batman ou bien une histoire originale comme celle de Sparky. Il utilise différentes techniques, du simple crayon à papier jusqu’à la toile peinte en passant par l’aquarelle et le stylo encre.

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La deuxième étape est celle des concepts art. Une fois la production d’un film engagée, toute une équipe d’artistes va s’occuper à rendre les dessins de Burton réalisables. Ils vont dessiner les personnages sous toutes leurs coutures, définir les matériaux, leurs mouvements tout en se basant sur les croquis originaux du réalisateur. Il y a 20 ans, ils faisaient tout à la main, maintenant le dessin par ordinateur a quasi remplacé celui à la main. Cela permet d’aller plus vite en phase de pré-production.

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La troisième étape est celle du storyboard. Les storyboarders s’occupent de dessiner les scènes d’un film plan par plan, en indiquant les angles de caméras et le temps des séquences. Pour un blockbuster tel que Batman comme pour un film d’animation, cette étape primordiale permet de budgétiser un film, de prévoir les scènes comportant des effets-spéciaux, d’avoir une vision d’ensemble du film et éventuellement d’enlever certaines scènes avant même de les avoir tournées. De plus en plus, cette étape est également réalisée par ordinateur, permettant même de créer des storyboard animés.

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La dernière étape est celle de fabrication. À partir de plans et de dessins préparatoires, les équipes de maquettistes vont pouvoir construire des villes miniatures, des décors, des fonds etc. L’utilisation du fond vert est désormais monnaie courante mais à l’époque, on utilisait le matte painting qui consiste à peindre de grandes fresques en fausses perspectives que l’on venait apposer derrière les comédiens ou un décors pour créer l’illusion de profondeur de champ. Tout était alors, peint à la main. Des prothèses et des séances de maquillages sont souvent nécessaires pour coller au plus près des personnages créés par Burton.

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Enfin nous pouvons comparer le résultat final avec les croquis originaux de Tim Burton et voir que malgré le nombre d’étapes et d’intervenants entre le début et la fin, le style de Burton reste intacte à l’écran.

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Voyons maintenant les influences de Tim Burton. Même si il n’aimait pas lire étant jeune, il a tout de même de nombreuses influences littéraires. Il aimait beaucoup regarder les illustrations de la littérature enfantine. Les gravures de l’illustrateur français Gustave Doré l’ont beaucoup marqué par leur profondeur, l’intensité des scènes ainsi que le clair-obscur. Doré a notamment illustré la Bible, les Fables de la Fontaine et les contes de Perrault. Arthur Rackham, illustrateur anglais, avait quant à lui dessiné pour les contes des Frères Grimm, Peter Pan et Alice au Pays des Merveilles. Son style mature et torturé de la nature a beaucoup inspiré Burton. Edward Gorey illustrait ses propres recueils dont Les Enfants Fichus qui regroupe par ordre alphabétique, diverses façon de mourir. Charles Addams, l’auteur Américain et créateur de la mythique Famille Addams, a dessiné de nombreux cartoons pour le New Yorker. Burton aimait particulièrement l’humour noir qui se dégageait de ses vignettes en noir et blanc. Et enfin Dr Seuss, auteur et illustrateur Américain qui a créé l’histoire du Grinch, du Lorax, d’Horton etc. Le personnage de Mister Jack (The Nightmare Before Christmas) est directement inspiré du personnage du Grinch (How the Grinch Stole Christmas). Ces lectures l’ont inspirés dans sa manière de dessiner (trait noir et blanc) mais également pour les scénarios de ses futurs films.

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Burton est également beaucoup inspiré par la peinture, notamment l’impressionnisme et l’expressionnisme Allemand. On retrouve la touche de Van Gogh dans ses dessins et dans ses films en stop-motion et en live. En effet, Tim Burton est particulièrement intéressé par le fait de voir le geste de l’artiste, que ce soit celui du pinceau pour un peintre ou tout simplement des mains d’un animateur stop-motion. Cette fameuse touche est présente dans tous les décors de The Nightmare Before Chritmas mais également dans les décors de Sleepy Hollow (cf L’Arbre des Morts). Un autre élément que l’on retrouve beaucoup dans sa filmographie, la déformation des corps et des décors propre à l’expressionnisme Allemand. Ce mouvement artistique d’après guerre présent en peinture, sculpture, architecture et cinéma se voulait être l’expression du ressentit de l’homme face aux atrocités de la seconde Guerre Mondiale. Les visages sont alors déformés par la douleur et les décors de films prolongeaient ce sentiment en étant eux-mêmes déformés. Tim Burton fait souvent référence au film expressionniste : Le Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene. Le Monde des Morts de Corpse Bride en est la preuve.

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Mais Tim Burton, ce n’est pas que du noir et blanc, au contraire ! Le noir et blanc est réservé au quotidien ennuyeux alors que la couleur sert à représenter ses monstres, biens plus joyeux que la plupart des gens qu’ils croisent dans la rue. Burton a toujours eu un faible pour les monstres, les créatures, les freaks délaissés par la société. Le fait d’utiliser la couleur rend ces créatures plus joyeuses et empathiques.

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Tim Burton fait un mixte de toutes ces influences et créait son propre style si particulier. Son style vient de la technique de dessin qu’il utilise. Étant un dessinateur à la base, il ne peut s’empêcher de croquer un personnage où qu’il soit, en utilisant les moyens du bord : un crayon sur une nappe, un stylo sur une serviette etc. Avec le stylo, il reproduit la touche impressionniste ainsi que la multitude de traits des gravures. L’expressionnisme se retrouve dans l’exagération des traits de ses personnages : visage fin, grands yeux ronds, corps longilignes. Même dans films lives tels Batman Returns, Mars Attacks ! ou encore Charlie and the Chocolate Factory, on retrouve les grands yeux chers à Burton.

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Certains symboles récurrents dans ses dessins et films participent à la reconnaissance du style dit Burtonien. Les spirales, les rayures et les cicatrices se retrouvent dans quasi tous les films de Tim Burton.

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Tous ces éléments font des dessins de Tim Burton des œuvres riches, inspirées et reconnaissables. Ce n’est pas étonnant de voir fleurir sur Internet des icônes revisitées façon Tim Burton. Cela en devient presque ironique quand les plus grandes icônes de Disney sont redessinées dans le même style qui, à l’époque, était dénigré par les Studios eux-mêmes. En voici quelques exemples :

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Enfin la dernière partie de l’atelier était réservée aux travaux pratiques. En suivant les différentes étapes de dessin de Mister Jack ou de Vincent, les visiteurs ont pu eux aussi, dessiner des portraits façon Tim Burton dont voici quelques échantillons :

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Compte-rendu par Loïc.