
Entretien avec Philippe Perrin
Après le spectacle immersif Dans Les Rêves de Miyazaki, Philippe Perrin invente une nouvelle expérience musicale autour de l’univers de Tim Burton et des thèmes de Danny Elfman dans un voyage envoûtant dans les nuages : Dans Les Rêves de Tim Burton ! Philippe a répondu à nos questions à l’occasion de nos 25 ans.
Je suis Philippe Perrin, avant tout musicien-arrangeur, parfois auteur et metteur en scène. En tant que cofondateur de La Framboise Productions, je développe des concerts immersifs qui mêlent pop culture avec savoir-faire des musiciens classiques. Actuellement, je travaille à la diffusion de nos concerts Dans les rêves de Miyazaki, Ocarina of Time : Un conte symphonique et bien sûr : Dans les rêves de Tim Burton.
Quand et comment as-tu découvert l’univers de Tim Burton?
J’ai découvert Tim Burton avec L’Étrange Noël de Mr Jack, une comédie musicale dont les chansons et l’univers ont beaucoup marqué mon enfance. Plus tard, à l’adolescence, j’ai conscientisé mon affinité pour les univers burtoniens avec la sortie du film Charlie et la Chocolaterie et avec la location de Mars Attacks! dans un des derniers vidéoclubs de mon quartier.
Pourquoi faire un projet musical sur Tim Burton?


La musique de Danny Elfman est l’une des composantes essentielles que j’associe à l’univers de Tim Burton. À vrai dire, j’ai le sentiment qu’elle rend intelligible toute la dimension à la fois loufoque, exubérante et poétique des films. En cela, elle est presque un personnage à part entière. Quand, en 2024, je me suis lancé dans l’aventure de la production de concerts, il m’est assez vite apparu que je voulais faire quelque chose autour de cet univers.
Quels sont les challenges à monter un projet musical avec quatuor à corde et pianiste en France?
Les défis se situent sur plusieurs plans. Artistiquement, il s’agit de concevoir une histoire musicale cohérente et de retranscrire des partitions orchestrales pour un effectif plus restreint. J’ai adoré ce moment ! Il a été l’occasion de me replonger dans la filmographie de Tim Burton et de découvrir l’ensemble des entretiens et interviews qu’il a pu donner. Pendant la conception, le livre Tim Burton de Mark Salisbury m’accompagnait à chaque instant. Ensuite, arrivait la partie plus difficile. Une fois qu’on a un beau projet en tête, il faut trouver les ressources pour rémunérer les créateurs et les techniciens impliqués puis il faut mettre en œuvre des solutions pour concrétiser la vision artistique, que ce soit en termes de son, de lumière ou de mise en scène. Enfin, il y a des défis logistiques, comme trouver des salles adaptées, gérer le transport des instruments, des éléments de scénographie, et s’assurer que tout soit parfaitement coordonné. Ces aspects se retrouvent partout, que ce soit en France ou à l’étranger. Heureusement, je suis entouré de personnes formidables qui ont su répondre à tous les défis qui se posaient sur notre chemin : mes associés, mes partenaires de chez Space Whale Production et mes amis du Quatuor Sauvage.


Quel a été le processus créatif pour ce spectacle musical?
Le processus a commencé par la sélection des musiques emblématiques de Danny Elfman, en choisissant celles qui m’ont personnellement touché et qui résonnent avec mon parcours. Ensuite, j’ai travaillé en étroite collaboration avec mon collègue et complice Yann Stoffel pour réarranger ces musiques en conservant leur essence tout en les adaptant à notre formation. Ce travail d’équipe a permis de créer un équilibre entre l’authenticité des compositions et la nouvelle dimension immersive que nous souhaitions apporter au spectacle. Parallèlement à ce travail musical, je cherchais constamment un propos, un prétexte pour raconter une histoire. Je trouve que le format du concert classique est trop statique : c’est comme si on écoutait en live une playlist entrecoupée d’applaudissements. Avec La Framboise Productions, je souhaite faire des concerts autrement et que l’enchaînement des musiques trouve une logique narrative évidente pour l’auditeur. Après avoir beaucoup cherché, il m’est finalement apparu que le mieux était d’imaginer ce qui pouvait se passer dans la tête de Tim Burton, cet homme dont l’esprit si singulier n’aurait pas dû être compatible avec le succès qu’il connaît depuis plus de 40 ans. Une figure presque iconique dont les réalisations sont toujours reconnaissables mais dont l’évolution est sujette à de nombreux débats.
Qu’est-ce qui est différent chez Danny Elfman que les autres compositeurs n’ont pas?
Contrairement à d’autres figures de la musique de film américaines comme John Williams, Danny Elfman se distingue par son parcours atypique. Il n’a pas reçu une éducation musicale classique à proprement parler (en témoigne ses années à la tête du groupe Oingo Boingo). Malgré tout, il tient à s’approprier des outils de la musique classique, en particulier la dimension symphonique et orchestrale. On trouve alors chez lui une approche très singulière qui rend sa pâte unique. Sa manière d’enchaîner des accords casse complètement les codes de l’harmonie classique ! En cela, on peut dire qu’il a su développer un style unique et immédiatement reconnaissable, qui ne suit pas toujours les règles traditionnelles, mais fonctionne à merveille grâce à son génie créatif.

Comment vois-tu l’avenir de ce spectacle musical immersif?
Je vois ce spectacle continuer à voyager, à toucher de nouveaux publics, et à s’exporter au-delà de la région parisienne. Nous travaillons déjà sur des opportunités dans d’autres villes et même à l’étranger. L’objectif est de trouver des partenaires pour continuer à développer cette expérience immersive et la faire découvrir à un public toujours plus large.
Merci à Philippe de nous avoir partagé les dessous de ce projet immersif. Retrouvez notre critique ici et ne loupez pas les prochaines dates du spectacle musical à Paris !